L’ananas est le produit phare des exportations de fruits. Il le devient plus encore depuis qu’il peut se parer de la fameuse étiquette Label Rouge. Un nouvel atout commercial et une garantie supplémentaire pour les consommateurs amateurs du « meilleur ananas du monde ». Le letchi de la Réunion suit la même voie.
Ô Label Rouge ! |
Ca y est, c’est gagné ! Depuis le début du mois de novembre, l’ananas Victoria de la Réunion est estampillé Label Rouge. Une reconnaissance nationale, dûment mentionnée au Journal officiel du 31 octobre, qui constitue une grande première pour un produit « made in Réunion ». C’est aussi le premier fruit à obtenir cette prestigieuse labellisation dans un département d’outre-mer. Cette reconnaissance de qualité, par le ministère de l’Agriculture et celui des Finances, arrive après deux ans de travail. C’est en 2004 que la cellule Mise en Marché et Qualité de la Chambre d’Agriculture a commencé à travailler sur le dossier, en étroite collaboration avec les producteurs du Syndicat Qualité Fruits de la Réunion et l’organisme certificateur OCTROI. Dans ce genre de dossier, les procédures sont longues. Les ingénieurs de la Chambre d’Agriculture ont, dans un premier temps, travaillé sur l’élaboration d’un cahier des charges. « Les producteurs ont activement participé à la définition de ce cahier des charges », explique Yannick Soupapoullé, ingénieur Qualité à la Chambre. « Tout est pris en compte, depuis le champ et les méthodes de culture, jusque dans l’assiette, en fonction de critères bien précis sur le goût, le parfum, le taux de sucre… ». Une fois le cahier des charges établi, le dossier a été envoyé à Paris pour être examiné par la Commission nationale label et certification. Cette commission a désigné un expert. « Dès lors, il y a eu un échange permanent avec cet expert pour finaliser le dossier et travailler notamment sur certains points de détail exigés par l’Administration centrale », indique Robert Boita, le directeur d’OCTROI.
La Direction générale de l’alimentation, de la consommation et de la répression des fraudes a également exercé un contrôle rigoureux avant de transmettre son rapport au ministère de l’Agriculture et au ministère de l’Economie et des Finances. « Ce dossier a nécessité de longues démarches. Mais, aujourd’hui, le travail des techniciens de la Chambre, des producteurs et de l’organisme certificateur local OCTROI est récompensé », se félicite Guy Derand, le président de la Chambre d’Agriculture. « Pour mener à bien ce dossier, il a fallu, dans un premier temps, initier une synergie entre tous les opérateurs. A cet effet, nous avons créé le comité de pilotage export, puis regroupé les producteurs intéressés par la démarche au sein du syndicat Qualité Fruits de la Réunion. Notre savoir-faire est aujourd’hui reconnu au niveau national et c’est une belle victoire pour le secteur de l’exportation des fruits tropicaux ». Les producteurs-exportateurs, membres du syndicat Qualité Fruits de la Réunion, peuvent désormais envoyer leurs ananas estampillés de la petite étiquette Label Rouge. « Ce label est un précieux gage de qualité », souligne Guy Derand. « Il est connu par plus de 85% des consommateurs qui savent qu’en achetant un produit Label Rouge, ils ont l’assurance de la qualité et de la traçabilité ». C’est un atout commercial supplémentaire pour ce produit phare de l’exportation réunionnaise. Le Victoria de la Réunion ne pourra plus être confondu avec ses cousins d’Afrique du Sud et d’autres pays producteurs, sur les étals des magasins de France et d’Europe. « Cette reconnaissance va certainement ouvrir de nouvelles portes vers l’export. Elle constitue également un plus pour booster les ventes sur le marché local et les grandes et moyennes surfaces de distribution devraient être très intéressées par ce type de produit », estime Guy Derand.
Le letchi après l’ananas |
Voilà donc un deuxième produit « pays » officiellement labellisé, récompensant ainsi les efforts de toute une filière pour atteindre l’excellence de la production agricole. Ce signe de qualité va permettre aux producteurs, qui respectent le cahier des charges, de valoriser les letchis de la Réunion sur tous les marchés européens par le signe de qualité réservé aux produits hauts de gamme, à savoir le prestigieux Label Rouge. C’est la récompense d’un travail de plusieurs années fourni par les producteurs regroupés au sein du syndicat Qualité Fruits Réunion, depuis 2002. Epaulés par la Chambre d’Agriculture, ils se sont résolument engagés dans la démarche d’agrément pour obtenir la certification. Le cahier des charges qui, aujourd’hui, s’applique à tous les producteurs qui souhaitent « sortir » du letchi Label Rouge a fait l’objet de plusieurs examens et allers-retours entre la Réunion et Paris, avant sa validation définitive. Des chercheurs du Cirad ont été nommés comme experts et ont étudié ce cahier des charges, demandant souvent des compléments d’enquête. Il y a eu une consultation publique pendant deux mois, à partir du 27 août 2005. Il a fallu aussi mettre en place un plan de contrôle défini entre les producteurs du Syndicat Qualité Fruits Réunion et l’organisme certificateur local OCTROI. Le tout a finalement subi un ultime examen du ministère de l’Agriculture. Au final, il aura fallu un peu plus de 18 mois avant que ne paraisse au Journal officiel du 5 décembre dernier l’arrêté de certification, signé par trois ministères (agriculture, industrie, économie et finances). Un délai finalement assez court comparé au dossier de l’ananas Victoria qui a nécessité un peu plus de deux ans. Pour Dominique Gigan, producteur à Saint-Benoît et président du Syndicat Qualité Fruits Réunion, l’attribution du Label Rouge est une belle reconnaisse du savoir-faire des producteurs locaux : « Nous allons pouvoir démarquer nos letchis, jusqu’alors noyés dans la masse sur le marché métropolitain, des autres pays producteurs ». Les consommateurs seront gagnants puisqu’ils auront la garantie que le letchis réunionnais Label Rouge est frais (moins de 8 jours entre la récolte et la mise sur le marché), calibré (au moins 3 centimètres) et qu’il est bien à maturité. De belles perspectives s’ouvrent ainsi au letchi « pays » qui va pouvoir se lancer à l’assaut de nouveaux marchés à l’export !
Hervé Cailleaux.
Depuis 1966 |
La certification Label Rouge a été créée en 1966. Cette marque collective prestigieuse constitue un gage de qualité reconnu internationalement qui débouche sur « une augmentation systématique des ventes auprès des consommateurs », ont constaté les spécialistes. Parmi les produits certifiés Label Rouge, on peut relever l’ail rose de Lautrec, les betteraves rouges Terr’Loire Prestige, le haricot tarbais, les mirabelles de Lorraine, la pomme de terre Belle de Fontenay, la pomme de terre pompadour, les prunes Reine-Claude, le porc de Franche-Comté, la viande de bœuf Gascon, les saucisses fraîches de porc du Limousin, le jambon de Bayonne, la crème fraîche fluide d’Alsace, le Brie au lait thermisé, et bien d’autres encore… auxquels s’ajoute donc l’ananas Victoria de la Réunion.
Comment les reconnaître ? |
L’étiquetage d’un produit avec label comporte trois éléments essentiels (logo, plage informative et mentions valorisantes) et constitue pour les producteurs le moyen privilégié d’informer le consommateur. Aussi, le logo revêt-il une grande importance pour le consommateur. Sa présence sur l’étiquetage atteste que le produit est de qualité supérieure et que cette qualité est directement perceptible par le consommateur. Les mentions valorisantes protégées que sont la plage informative et surtout le logo permettent aux consommateurs de s’assurer de l’authenticité et de la véracité des produits.
Une démarche collective certifiée |
Le Label Rouge est obligatoirement une démarche de filière associant les partenaires de la chaîne alimentaire : producteurs, transformateurs et fournisseurs, mais aussi, parfois, distributeurs et consommateurs. Le caractère collectif de la démarche confère une forte originalité et crédibilité au Label Rouge et aussi une parfaite traçabilité.
Un suivi rigoureux dans la durée |
L’homologation Label Rouge n’est jamais définitive. Elle peut toujours être remise en cause. De plus, toute modification du cahier des charges doit faire l’objet d’une vérification par la Commission nationale.
La qualité gustative |
La vocation d’un produit Label Rouge est de répondre aux attentes de plaisir des consommateurs, grâce à des produits au goût et aux saveurs de qualité supérieure, qui se distinguent des produits courants. Pour cela, tous les produits Label Rouge sont soumis à des tests de dégustation et à des analyses sensorielles, et leurs modes de production sont liés à cette exigence de goût.