Aujourd’hui, la part des circuits courts, c’est-à -dire des produits locaux dans la restauration collective est trop faible. Pour les producteurs réunionnais, l’accessibilité aux marchés publics est un pari important qui vise à la fois la qualité des produits, la santé publique et la valorisation économique de notre territoire...
Aujourd’hui, la part des circuits courts, c’est-à-dire des produits locaux dans la restauration collective est trop faible. Pour les producteurs réunionnais, l’accessibilité aux marchés publics est un pari important qui vise à la fois la qualité des produits, la santé publique et la valorisation économique de notre territoire.
En 2006, le constat avait été fait que les agriculteurs locaux n’accédaient que très rarement au marché de la restauration collective et le syndicat CGPER avait attiré l’attention des autorités lors d’une distribution de fruits aux élèves de l’école primaire de Quartier-Français.
Dans le prolongement de cette action, le Département a fait de la restauration collective une priorité en organisant une première table ronde où il était apparu que l’agriculture réunionnaise et les gestionnaires de la restauration collective étaient deux mondes qui s’ignoraient alors même qu’ils avaient des intérêts communs :
La restauration collective, au niveau des établissements publics réunionnais, représente plus de 170 000 repas par jour, se décomposant de la manière suivante :
Estimation des besoins annuels en restauration collective
Désignation
|
Quantité
|
Viande d’agneau ou cabri |
100 tonnes |
Viande de bœuf surgelée |
85 t |
Viande de porc |
192 t |
Volailles, canards, pintades surgelés |
535 t |
Poulets fumés |
38 t |
Charcuterie pur porc |
100 t |
Saucisses, boucané pur porc |
207 t |
Charcuterie 100 % volaille |
55 t |
Volailles, canards, pintades, dindes et lapins frais |
320 t |
Viande fraîche de porc |
44 t |
Viande fraîche de boeuf |
30 t |
Plateau de 30 oeufs |
113 000 unités |
Œufs liquides |
82 t |
Œufs durs écalés |
594 000 u |
Lait |
115 000 litres |
Yaourts frais |
3 152 000 u |
Miel (barquette 20 grs) |
90 000 u |
Sucre roux |
30 t |
Fruits et légumes |
2 800 t |
Le volume de la production locale commercialisée vers les collectivités reste pourtant très faible, hormis pour les œufs :
Malgré ces faibles pourcentages, il est à noter que toutes les collectivités souhaitent avoir le maximum de produits locaux (végétaux et produits carnés) pour la composition des différents menus à condition que les producteurs locaux s’adaptent aux règles des appels d’offres et respectent leur engagement au niveau du contrat d’approvisionnement en qualité, quantité et prix ; ce qui réclame une organisation sans faille de la part des producteurs locaux et un assouplissement du Code des Marchés Publics.
Afin de mettre en relation les gestionnaires de la restauration collective et les agriculteurs, la Chambre d’Agriculture, avec le soutien du Département et de l’Etat, va mettre en place, d’ici la fin de l’année, un site internet. L’objectif de cette plate-forme d’échanges sera de mettre en relation les producteurs locaux et les acheteurs publics afin de faciliter l’intégration de la production locale au niveau des différents appels d’offres.
Depuis 2007, il y a eu une prise de conscience et le travail commence à porter ses fruits. Pour exemple, le Groupement de Commande de Denrées Alimentaires (GCDALA) du Lycée Antoine de Saint-Exupéry, aux Avirons, qui confectionne chaque jour plus de 45 000 repas pour les lycées et écoles a augmenté sa commande vis-à-vis de la production locale en fruits, légumes et produits carnés :
1 547 700 euros en 2009
1 767 700 euros en 2010
1 808 110 euros en 2011
Ces efforts doivent être poursuivis. Les planteurs et éleveurs de la Réunion se sont regroupés et investissent pour proposer une large gamme de produits de 4e gamme qui vont de l’ananas en tranche au lapin désossé. Ces exemples montrent que l’agriculture réunionnaise possède une capacité d’adaptation qui ne demande qu’à satisfaire le marché local.
La filière fruits et légumes, considérée comme la moins organisée, est aujourd’hui dans une dynamique de regroupement et en capacité de répondre aux attentes de la restauration collective.
Le travail engagé doit être étendu et faire l’objet d’une appropriation par l’ensemble des acteurs économiques et politiques du département. Une volonté politique permettrait, demain, de couvrir 40 % de ces besoins et favoriserait l’installation de plus de 500 familles d’agriculteurs.
Cet objectif va dans le sens des conclusions des Etats Généraux pour l’outre-mer, à savoir :
Le 31 août 2010, le Préfet de la Réunion a installé « un conseil supérieur de la commande public », présidé par Margie Sudre.
La Chambre d’Agriculture demande que ce groupe de travail qui a, l’année dernière, axé ses efforts sur le bâtiment compte tenu de la crise subie par ce secteur, voit ses compétences étendues au marché de la restauration collective en devenant une instance de concertation et de décisions. Cette instance devrait regrouper les agriculteurs, les gestionnaires de la restauration collective, le commissaire au développement endogène, sous l’autorité de l’Etat et du Conseil Général qui a bien compris l’importance de ce dossier.
Dossier réalisé
par Hervé Cailleaux et Eric Soundrom