Les planteurs réunionnais peuvent travailler l’esprit tranquille. Leur niveau de revenu est préservé avec des compensations qui viendront pallier la baisse du prix du sucre. L’horizon est dégagé pour les neuf prochaines campagnes sucrères.
Les planteurs réunionnais peuvent travailler l’esprit tranquille. |
Les planteurs réunionnais peuvent travailler l’esprit tranquille. Leur niveau de revenu est préservé avec des compensations qui viendront pallier la baisse du prix du sucre. L’horizon est dégagé pour les neuf prochaines campagnes sucrières.
Après de longs mois de négociations, les 25 ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont accordés, fin novembre, sur la teneur de la réforme de l’OCM Sucre.
Cette réforme jugée « radicale » a été arrêtée après des « négociations difficiles » selon les observateurs, du fait du contexte de la mondialisation et de la libéralisation des marchés.
Rappelons que l’Union européenne a été condamnée, récemment, par l’Organisation mondiale du commerce pour dumping à l’exportation de sucre.
Les objectifs poursuivis à travers cette réforme sont de diminuer la production européenne de sucre, excédentaire, de baisser le prix du sucre – actuellement trois fois supérieur aux cours mondiaux - dans l’Union européenne et de supprimer à terme les subventions aux exportations.
Principale mesure de la réforme et principal enjeu des négociations, le prix du sucre va baisser de 36% ; baisse étalée sur une période de 4 ans, et progressive ; à savoir – 5% les deux premières années pour s’accentuer véritablement en 2008-2009 avec – 17%… et atteindre les – 36% la quatrième année.
Par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne qui prévoyait - 39%, la baisse du prix garanti est donc un peu inférieure.
Avec cette nouvelle donne, des pays producteurs européens – les moins compétitifs - vont stopper volontairement leur production de sucre contre un gros chèque de compensation, prévu par le fonds de restructuration.
La France, en revanche, devrait bénéficier de la réforme en raison de sa meilleure compétitivité.
90 millions pour les DOM.
Pour ce qui concerne plus particulièrement la Réunion, la Commission européenne a autorisé le gouvernement français à accorder une aide annuelle de 90 millions aux producteurs des départements d’outre-mer, au lieu de 60 millions actuellement, en plus de l’aide communautaire (44 millions d’euros) et le maintien de l’aide à l’écoulement pour les producteurs (15 millions d’euros).
« Cet accord respecte les objectifs que la France s’étaient fixés », estime le ministre français de l’Agriculture, Dominique Bussereau. L’Etat français a effectivement obtenu, lors des ultimes négociations, le feu vert pour les 30 000 euros qui manquaient pour assurer une compensation intégrale de la baisse du prix du sucre.
Au final, on baisse moins et on compense un peu plus. De quoi éclaircir l’horizon des acteurs de la filière canne jusqu’en 2014-2015, échéance de ce nouveau règlement sucrier.
Reste à définir la répartition de cette enveloppe de 90 millions d’abord entre les différents DOM puis localement, sachant que les crédits devraient transiter par le Poséidom. Dans le même temps, les discussions sur la prochaine convention canne vont s’engager pour fixer la future structure du prix de la canne. « Compte tenu du nouveau règlement sucrier qui va courir jusqu’en 2014-2015, la nouvelle convention canne ne devrait pas être quinquennale comme les précédentes mais, en principe, fixer les règles pour les neuf prochaines saisons », estime Xavier Thiéblin, le PDG du Groupe Quartier Français.
La filière a neuf campagnes pour préparer une stratégie à moyen et long terme et faire que la canne à sucre reste pour longtemps encore le pivot de notre agriculture et de notre économie. Dès à présent, il s’agit de préserver le foncier agricole, réactiver les replantations, développer l’irrigation et la mécanisation, et d’aider les planteurs à réduire leurs coûts de production.
H. Cailleaux.
Ce qu’ils en pensent… |
Guy Derand (président de la Chambre d’Agriculture) : « La baisse européenne du prix du sucre est plus faible que prévue initialement et les compensations seront plus importantes.
L’Etat français est effectivement autorisé à verser des aides permettant de compenser intégralement le prix de la canne jusqu’en 2014. Il faut saluer la mobilisation des principaux acteurs de la filière et de parlementaires qui a permis au ministre de l’Agriculture de défendre au mieux les intérêts des DOM. Si Bruxelles n’avait écouté que les discours misérabilistes de certains, on n’aurait sûrement pas obtenu ces décisions qui rassurent aujourd’hui la profession. Maintenant, les planteurs, qui étaient dans l’expectative depuis deux ans, vont pouvoir relancer leur activité et augmenter leur volume de production. Dès à présent, nous devons penser à l’après 2014, à travers un plan de relance globale de la filière. Et je demande, à nouveau, aux pouvoirs publics de veiller à ce que la stabilité des surfaces agricoles garantisse et accompagne le développement économique de la filière canne-sucre ».
Jean-Bernard Hoarau (président de la FDSEA) : « C’est mieux que ce qui avait été annoncé et l’on peut parler de confiance retrouvée, mais il faut rester prudent tant que toutes ces mesures n’auront pas été déclinées officiellement. J’en appelle également à la constitution d’une véritable interprofession dans la filière dans laquelle seraient réunis les planteurs, les usiniers ainsi que les transporteurs, les chercheurs, les importateurs de produits phytosanitaires ».
Nicolas Alaguirissamy (Jeunes Agriculteurs) : « Nous avions des raisons d’espérer, aujourd’hui nous avons des raisons d’y croire ! La possibilité d’une compensation intégrale pour nos planteurs est une véritable victoire syndicale. Elle est l’aboutissement d’une très forte mobilisation de notre réseau et de tous les acteurs de la filière et des élus.
Le lobbying mené à Bruxelles, le consensus de la filière locale, la visite de la commission agricole européenne en mai, et les différentes interpellations de ministres (Gaymard, Girardin, Baroin, Sarkozy, Bussereau) et de nos députés européens ont été des facteurs déterminants de la réussite de notre objectif de pérennité de la filière canne.
Fort de ce succès, et du soutien général de tous les décideurs de l’île, il nous reste maintenant à concrétiser l’avenir de la filière. Le maintien d’un niveau de prix par les compensations est une bonne chose, mais l’avenir de la filière se jouera aussi sur le terrain par un engagement politique majeur des collectivités locales et territoriales sur le foncier. Toutes les compensations du monde n’empêcheront jamais la disparition du foncier agricole sans une volonté politique de protection de la sole cannière. Saurons-nous être tous aussi soudés pour s’engager dans ce prochain combat ? ».