Aujourd’hui, la part des circuits courts, c’est-à-dire des produits locaux dans la restauration collective est trop faible. Pour les producteurs réunionnais, l’accessibilité aux marchés publics est un pari important qui vise à la fois la qualité des produits, la santé publique et la valorisation économique de notre territoire.
En 2006, le constat avait été fait que les agriculteurs locaux n’accédaient que très rarement au marché de la restauration collective et le syndicat CGPER avait attiré l’attention des autorités lors d’une distribution de fruits aux élèves de l’école primaire de Quartier-Français.
Dans le prolongement de cette action, le Département a fait de la restauration collective une priorité en organisant une première table ronde où il était apparu que l’agriculture réunionnaise et les gestionnaires de la restauration collective étaient deux mondes qui s’ignoraient alors même qu’ils avaient des intérêts communs :
La restauration collective, au niveau des établissements publics réunionnais, représente plus de 170 000 repas par jour, se décomposant de la manière suivante :
Estimation des besoins annuels en restauration collective
Désignation
|
Quantité
|
Viande d’agneau ou cabri |
100 tonnes |
Viande de bœuf surgelée |
85 t |
Viande de porc |
192 t |
Volailles, canards, pintades surgelés |
535 t |
Poulets fumés |
38 t |
Charcuterie pur porc |
100 t |
Saucisses, boucané pur porc |
207 t |
Charcuterie 100 % volaille |
55 t |
Volailles, canards, pintades, dindes et lapins frais |
320 t |
Viande fraîche de porc |
44 t |
Viande fraîche de boeuf |
30 t |
Plateau de 30 oeufs |
113 000 unités |
Œufs liquides |
82 t |
Œufs durs écalés |
594 000 u |
Lait |
115 000 litres |
Yaourts frais |
3 152 000 u |
Miel (barquette 20 grs) |
90 000 u |
Sucre roux |
30 t |
Fruits et légumes |
2 800 t |
Le volume de la production locale commercialisée vers les collectivités reste pourtant très faible, hormis pour les œufs :
Malgré ces faibles pourcentages, il est à noter que toutes les collectivités souhaitent avoir le maximum de produits locaux (végétaux et produits carnés) pour la composition des différents menus à condition que les producteurs locaux s’adaptent aux règles des appels d’offres et respectent leur engagement au niveau du contrat d’approvisionnement en qualité, quantité et prix ; ce qui réclame une organisation sans faille de la part des producteurs locaux et un assouplissement du Code des Marchés Publics.
Afin de mettre en relation les gestionnaires de la restauration collective et les agriculteurs, la Chambre d’Agriculture, avec le soutien du Département et de l’Etat, va mettre en place, d’ici la fin de l’année, un site internet. L’objectif de cette plate-forme d’échanges sera de mettre en relation les producteurs locaux et les acheteurs publics afin de faciliter l’intégration de la production locale au niveau des différents appels d’offres.
Depuis 2007, il y a eu une prise de conscience et le travail commence à porter ses fruits. Pour exemple, le Groupement de Commande de Denrées Alimentaires (GCDALA) du Lycée Antoine de Saint-Exupéry, aux Avirons, qui confectionne chaque jour plus de 45 000 repas pour les lycées et écoles a augmenté sa commande vis-à-vis de la production locale en fruits, légumes et produits carnés :
1 547 700 euros en 2009
1 767 700 euros en 2010
1 808 110 euros en 2011
Ces efforts doivent être poursuivis. Les planteurs et éleveurs de la Réunion se sont regroupés et investissent pour proposer une large gamme de produits de 4e gamme qui vont de l’ananas en tranche au lapin désossé. Ces exemples montrent que l’agriculture réunionnaise possède une capacité d’adaptation qui ne demande qu’à satisfaire le marché local.
La filière fruits et légumes, considérée comme la moins organisée, est aujourd’hui dans une dynamique de regroupement et en capacité de répondre aux attentes de la restauration collective.
Le travail engagé doit être étendu et faire l’objet d’une appropriation par l’ensemble des acteurs économiques et politiques du département. Une volonté politique permettrait, demain, de couvrir 40 % de ces besoins et favoriserait l’installation de plus de 500 familles d’agriculteurs.
Cet objectif va dans le sens des conclusions des Etats Généraux pour l’outre-mer, à savoir :
Le 31 août 2010, le Préfet de la Réunion a installé « un conseil supérieur de la commande public », présidé par Margie Sudre.
La Chambre d’Agriculture demande que ce groupe de travail qui a, l’année dernière, axé ses efforts sur le bâtiment compte tenu de la crise subie par ce secteur, voit ses compétences étendues au marché de la restauration collective en devenant une instance de concertation et de décisions. Cette instance devrait regrouper les agriculteurs, les gestionnaires de la restauration collective, le commissaire au développement endogène, sous l’autorité de l’Etat et du Conseil Général qui a bien compris l’importance de ce dossier.
Dossier réalisé
par Hervé Cailleaux et Eric Soundrom
Les pertes sont conséquentes
Ce sont plusieurs cycles de production perdus pour Richemont Técher et ses collègues maraîchers (photo JS)
Après les effets désastreux de la sécheresse, l’agriculture réunionnaise a subi de plein fouet l’assaut de pluies intenses tout aussi destructrices, fin janvier. La Chambre d’Agriculture a estimé les pertes à 6,5 millions d’euros.
Il a plu 950 mm à Piton Fougères et entre 300 à 400 mm dans les Bas de Sainte-Marie et dans le secteur de Gillot, ce qui est tout à fait inhabituel. Rapidement mobilisés, les services de la Chambre d’Agriculture ont ainsi estimé à 6,5 millions d’euros les pertes agricoles à la suite de ces pluies dévastatrices.
Pour le maraîchage plein champ, les pertes sont évaluées dans l’Ouest, le Nord et l’Est à 363 ha sinistrés. « Les salades, brèdes et épices sont des cultures très fragiles et nous sommes à 95 % de pertes », note Fabrice Robert, élu de la Chambre d’Agriculture et président de l’association des maraîchers du Nord. Richemont Técher, maraîcher à Belle Vue (Hauts de Saint-Denis), comme ses collègues, constate amèrement : « Entre la sécheresse et les pluies, on a perdu au moins 3 cycles de production ». Soit plusieurs milliers d’euros qui ne rentreront pas dans les caisses de chaque producteur.
Les longanis ont éclaté sous l’effet des fortes pluies (photo JS)
Pour la filière canne, la Chambre d’Agriculture estime à 175 hectares fraichement replantés affectés par les pluies ; environ 20 % des surfaces qui venaient d’être replantées. Et ces parcelles devront faire l’objet d’une nouvelle replantation, sans tarder. Sans oublier les nombreuses parcelles qui ont été ravinées comme cela a été le cas sur le secteur du Portail, à Piton Saint-Leu. Emmanuel Pajaniaye et nombreux de ses collègues ont vu de bonnes parties de leurs parcelles disparaitrent sous la boue et les roches. La route des Tamarins et ses aménagements annexes ne sont pas étrangers à ce ravinement…
Au niveau de l’horticulture, ce sont 21 ha de productions plein champ qui sont considérés comme perdus. Et ce sont 220 km de chemins d’exploitation qui ont été sérieusement endommagés. « Il faut sans tarder engager les fonds et les travaux de réparation pour permettre aux planteurs d’entretenir leurs champs en prévision de la prochaine campagne », prévient Jean-Yves Minatchy.
Sainte Rose en l’air
Les résultats intermédiaires de la campagne 2011 sont plutôt encourageants, exception faite pour les planteurs du Sud, en zone non irriguée, qui paient toujours la note « sécheresse ».
Sur des parcelles qui donnent habituellement 120 à 130 t/ha, les producteurs atteignent, lors de cette campagne 2011, des rendements de 150 t/ha, voire autour des 200 t/ha, dans certains cas. Johnny Payet, jeune planteur du secteur, a même enregistré 140 t/ha sur un demi-hectare d’une parcelle !
« Le secteur de Sainte-Rose - qui compte quelque 120 planteurs de cannes - n’a pas été touché par la dernière grande sécheresse et cette progression était attendue », ajoute Jean-Yves Minatchy. « Nous l’avions annoncé à Tereos lors d’une commission mixte d’usine, avant le démarrage de la campagne. Nous avions demandé que le taux d’apport sur la plate-forme de Ravine-Glissante soit révisé à la hausse. Aucune canne ne doit rester au champ ».
La période de sécheresse est en cause et des pertes étaient prévisibles (estimées à environ 30 % avant campagne). « Les planteurs de Petite-Ile sont particulièrement touchés », constate Jean-Bernard Maratchia, producteur à Saint-Pierre et élu de la Chambre d’Agriculture. « Il faut prendre en compte également le démarrage tardif de la campagne dans le Sud et quelques petites pannes de l’usine. On fera le compte à la fin de la coupe ».
Dans le Sud, la richesse se maintient par rapport à l’an dernier, mais reste bien en deçà de la moyenne décennale. « Certains ont quand même atteint des richesses de 15 au mois d’octobre », indique Jean-Bernard Maratchia. « C’est excellent pour eux ».
Réception par bassins canniers (à la date du 15 octobre) :
2010 | 2011 | |||
TONNAGE | RICHESSE | TONNAGE | RICHESSE | |
Beaufonds | 357 613 t | 13,49 | 355 560 t | 13,80 |
Bois Rouge | 250 077 t | 12,43 | 256 254 t | 12,31 |
Savanna | 133 611 t | 13,68 | 135 527 t | 12,93 |
Le Gol | 263 582 t | 13,68 | 252 831 t | 13,70 |
Grands Bois | 198 526 t | 13,33 | 187 575 t | 13,25 |
Total île | 1 203 409 t | 13,31 | 1 187 746 t | 13,27 |
CANNE A SUCRE
Techni’Canne rassemble 400 planteurs
Conférences, exposition et démonstrations de matériels, informations techniques et administratives et participation massive des planteurs… le succès a été au rendez-vous du 1er Techni’Canne.
Désormais, la Réunion a sa manifestation spécialement dédiée à la canne à sucre. A la veille du démarrage de la campagne sucrière 2010, la Chambre d’Agriculture a organisé Techni’Canne sur le site historique de l’ancienne usine de Vue Belle, à la Saline les Hauts, et dans une région porteuse d’avenir pour la filière canne. A terme, ce sont effectivement 7 150 ha qui seront concernés par le basculement des eaux dans la région Ouest. L’irrigation, facteur de production, a donc été au centre des débats de ce Techni’Canne, tout comme la mécanisation, avec des démonstrations de coupeuses, ou encore, dans le domaine de la gestion de l’exploitation, les aspects fiscaux du passage au « réel ». Il a été question également de sécurité professionnelle et routière pour les engins agricoles en période de coupe.
Pour le succès de ce 1er Techni’Canne, la Chambre d’Agriculture a pu compter sur le précieux concours de la ville de Saint-Paul, et des partenaires de la filière comme le Syndicat des Fabricants de Sucre, Ercanne, l’ASP, la SAPHIR, Albo Irrigation, la CANE, la Coopérative des Avirons, le Cirad ainsi que la Maison familiale rurale de l’Ouest et le muséeum Stella Matutina.
Quizz sur l’eau : les gagnants
Dans le cadre de Techni’Canne, le service Irrigation de la Chambre d’Agriculture a organisé un quizz auquel ont participé de nombreux planteurs. 50 % des bulletins déposés contenaient les bonnes réponses et les lauréats ont gagné les lots généreusement offerts par les fournisseurs Albo Irrigation (2 rouleaux de goutteurs + divers raccords cannelés ; 1 cuve graduée pour solution fertilisante ; 1 programmateur d’irrigation), la SAPHIR (3 rouleaux de PEHD 32 + kit d’asperseurs) et la Coopérative des Avirons (1 rouleau de goutteurs).
Les gagnants : Reine Claude Diganamasso (Ligne Paradis Saint Pierre) ; Marie Charlette Ellama (Piton Saint Leu) ; Marcelot Taraconat (Guillaume Saint Paul) ; Brigitte Lan-Leung (Saint Gilles les Bains) ; Wilson Nany Andiapin (Saline les Hauts) ; Henri Claude Agathe (Bois Rouge Saint Paul).
Les premiers résultats du recensement agricole 2010 viennent d’être publiés. Et les chiffres sont plutôt bons pour la Réunion…
La SAU se stabilise. Malgré la pression de l’urbanisation, la surface agricole utilisée (SAU) se stabilise, avec 42 813 ha grâce notamment à la politique foncière active qui est menée. En 10 ans, la perte de la SAU est de 2 % (une baisse moyenne de 88 ha par an), à la Réunion, alors qu’elle est de 22 % aux Antilles.
Au cours de la décennie précédente, la baisse moyenne était de 654 ha par an.
L’emploi se maintient aussi. L’agriculture contribue à l’emploi de 15 700 personnes, soit 7 % de la population active. Elle est aussi à l’origine de l’essor de l’industrie agroalimentaire, premier secteur industriel de l’île. De 2000 à 2010, la baisse du nombre d’unités de travail annuel (UTA) n’est ainsi que de 4,5 %, alors qu’elle est de 21 % en métropole.
Les chefs d’exploitation constituent la principale composante des emplois agricoles. 16 % sont désormais des femmes, alors qu’elles n’étaient que 13 %, en 2000.
La surface des exploitations augmente. Depuis 2000, les exploitations se sont agrandies. La surface moyenne des exploitations est passée de 5 ha à 5,8 ha.
Les moyennes et grandes exploitations représentent désormais la moitié des exploitations de l’île.
La canne, un pilier solide. La canne à sucre occupe 57 % de la surface agricole et constitue le piler de l’agro-industrie réunionnaise. La surface en canne se maintient bien depuis une décennie, avec plus de 24 000 ha et 3 470 exploitations productrices.
Les cultures fruitières et légumières progressent sensiblement. Elles représentent 4 750 ha, contre 4 250 ha en 2000, soit une progression de 12 % en 10 ans. Les surfaces fourragères dédiées à l’élevage progressent également.
Professionnalisation et formation. Depuis le dernier recensement agricole (en 2000), l’agriculture réunionnaise s’est professionnalisée. Elle a su adapter ses pratiques aux nouveaux enjeux de notre société en matière d’environnement, de santé, de qualité de l’alimentation, d’emploi, d’aménagement du territoire…
Les agriculteurs sont de mieux en mieux formés. 19 % des chefs d’exploitation ont un niveau de formation agricole secondaire ou supérieur, alors qu’ils n’étaient que 14 %, en 2000.
Visite pédagogique au milieu des salades
Fabrice Robert montre aux écoliers les différentes variétés de salades, sous la forme
d’un jeu (photo JS).
Fabrice Robert a invité des élèves de CM2 sur son exploitation de la Bretagne pour leur faire découvrir le métier d’agriculteur et les encourager à manger « bien ».
Fabrice Robert est agriculteur, élu de la Chambre d’Agriculture, président du syndicat des maraîchers du Nord et aussi … parent d’élève. A ce titre, il est toujours ravi d’accueillir des jeunes sur son exploitation. En cette fin d’année scolaire, il a invité deux classes de CM 2 de l’école Maxime Lahope, établissement scolaire du quartier où se trouve également ses 1,3 ha de cultures. Il s’est occupé de tout. Même de réserver les deux bus qui ont acheminé les 50 marmailles jusqu’à son exploitation.
« Je fais plusieurs variétés de salades d’hiver », explique-t-il aux enfants. « De la batavia, de la chicorée, de la feuille de chêne et de la reine des glaces ».
Sur l’exploitation, on trouve également des brèdes, du pourpier et plusieurs plantes aromatiques comme l’aneth, le thym, la menthe…
L’agriculteur s’est transformé en pédagogue pour proposer un jeu aux écoliers. Les jeunes devaient reconnaître les différentes variétés de salades et les aromates, en sentant et dégustant les différents produits. Puis en les emmenant faire le tour de son exploitation, Fabrice Robert explique la préparation des semences, leur mise en terre, la germination, la maturation et enfin la récolte. Les questions fusent alors de la bouche des marmailles : « Est-ce que les salades repoussent toutes seules ? » … « Est-ce qu’il y a beaucoup d’insectes qui attaquent les plantes que vous cultivez ? » …
Fabrice Robert explique aussi aux enfants que l’utilisation des produits chimiques est très réglementée et que, d’une façon générale, les agriculteurs sont très attentifs à cultiver des produits « propres ».
« Quand ces enfants vont manger une salade ou des brèdes, ils sauront comment cela a été planté, comment cela a poussé et été récolté avant de se retrouver dans leur assiette et quel savoir-faire il faut pour produire une belle salade », ajoute Fabrice Robert.
Les marmailles de l’école Maxime Lahope à la Bretagne. (Photo JS)
Puis l’agriculteur se transforme cette fois en nutritionniste. Il explique les valeurs nutritionnelles de ses cultures, leur richesse en omega 3, en oligoéléments… Frédéric Amany, technicien de la Chambre d’Agriculture, est là aussi. La discussion entre les adultes et les marmailles porte également sur l’importance et les enjeux du métier d’agriculteur : « Dans 20 ans, il y aura 1 million d’habitants à la Réunion. Il faudra toujours des agriculteurs pour nourrir cette population. Il faudra préserver les terres agricoles. Sans agriculture, un pays se meurt car on ne peut pas consommer que des produits d’importation ».
La visite se termine avec des visages enchantés. Mais elle ne sera pas sans suite. Les écoliers de CM 2 vont raconter aux autres classes de leur école ce qu’ils ont vu et appris sur l’exploitation de Fabrice Robert. Puis dans quelques mois, ce sera vraisemblablement des classes d’un autre établissement scolaire qui viendront apprendre comment pousse une salade…
Hervé Cailleaux.
Près de 3 tonnes « récoltées »
La collecte gratuite d’Emballages Vides de Produits Phytosanitaires organisée au mois de juin par la Chambre d’Agriculture, avec l’ADIVALOR, société chargée des opérations de collecte de l’agro-fourniture au niveau national, s’est soldée par la « prise » de 2 880 kg de bidons à recycler.
Ce sont pas moins de 388 agriculteurs qui ont pris part à cette collecte EVPP 2010. Ils n’avaient été que 130 lors de la première opération de ce type organisée en 2008.
Selon les services de la Chambre d’Agriculture, c’est ainsi 10 % du gisement d’EVPP produit annuellement à la Réunion qui a ainsi été récupéré dans le cadre de cette collecte. Ces bidons reclassés en DIB (déchets industriels banals) – à condition d’être bien nettoyés - ne pouvant être actuellement recyclé localement. Ils ont donc été expédiés, par la société Cycléa, vers des usines de recyclage en Asie
Les bouchons, considérés comme des DIS (déchets industriels spéciaux) ont été regroupés à part avant d’être conditionnés et expédiés par la société STARDIS en métropole pour incinération.
L’objectif affiché par la Chambre d’Agriculture est de pérenniser ces opérations de collecte EVPP.
En récoltant 35 voix sur les 38 votants, Jean-Yves Minatchy a logiquement été plébiscité par ses pairs élus à la Chambre d’Agriculture. Avant de prendre place dans son nouveau siège de président de l’institution verte, à l’invitation du préfet Pierre Henry Maccioni, Jean-Yves Minatchy, ému, a longuement embrassé sa mère et les membres de sa famille présents dans la salle. « 55 ans après Roger Payet, ancien président de la Chambre d’Agriculture, c’est le second mandat du fils de son colon qui démarre », a-t-il déclaré d’emblée. Le père de Jean-Yves Minatchy travaillait effectivement comme colon pour Roger Payet et le nouveau président de la Chambre a aidé, dans sa jeunesse, son père sur cette exploitation agricole.
« Cette élection a une grande valeur symbolique pour ma famille – c’est pour cela que j’ai tenu à la présence de ma mère, âgée de 88 ans et solide comme un roc - et pour les petites exploitations agricoles ».
Dans son allocution d’intronisation, le nouveau président de la Chambre est rapidement revenu à la dure réalité du terrain : « Ma pensée va aussi à tous ceux qui ont été durement frappés par le cyclone Gamède. Des récoltes ont été détruites à 100% sur l’ensemble du département. C’est un désastre pour les petites et moyennes exploitations ».
Les indemnisations du cyclone Gamède seront, par la force des choses, le premier gros dossier à traiter pour Jean-Yves Minatchy et son équipe : « Les responsables de l’Etat peuvent compter sur les services de la Chambre d’Agriculture pour que le dossier des estimations de dégâts soit monté aussi vite que possible de façon que les agriculteurs sinistrés bénéficient des indemnisations dans les meilleurs délais ».
En responsable chevronné, Jean-Yves Minatchy a déjà ciblé les autres échéances déterminantes pour l’agriculture réunionnaise : « La réforme de la PAC se profile et nous allons négocier pour que les spécificités des petites exploitations réunionnaises soient prises en compte dans ce dossier. Il s’agit également de considérer le nouveau régime sucrier. Dans ce dossier, nous allons demander à l’Union européenne de découpler la Réunion du régime sucrier européen et faire en sorte d’obtenir le maintien de la compensation intégrale après 2014, ainsi que des aides nationales ». Le souhait de la nouvelle équipe dirigeante est d’obtenir, également, la mise en place d’une zone franche agricole qui permettrait une exonération des charges.
Un partenariat constructif
« Notre agriculture se trouve dans un environnement difficile, où la concurrence des pays étrangers est vive, avec le problème des importations massives d’ail et d’oignon d’Inde, des carottes d’Australie, ou l’Afrique du Sud avec ses productions d’ananas, de sucre, de raisin », souligne encore Jean-Yves Minatchy. « Pour protéger la production locale, on demande l’union et la solidarité de tous. Nous allons, pendant cette mandature, mettre en place un partenariat constructif avec l’Etat, la Région, le Département, Bruxelles et les différents organismes agricoles. Le contrat de plan Etat-Région et les Cahiers de l’Agriculture, élaborés par le Département avec notre collaboration, vont constituer de bonnes bases de travail pour l’avenir de l’agriculture réunionnaise ».
Dans les semaines à venir, la nouvelle équipe dirigeante de la Chambre devra présenter le budget 2007, non voté par l’ancienne majorité, pour assurer le bon fonctionnement de l’institution.
Le nouveau bureau de la Chambre d’Agriculture
Président : Jean-Yves Minatchy
1er vice-président : Jean-Bernard Gonthier
2e vice-président : Sylvestre Lamoly
3e vice-président : Jean Julius Métanire
Secrétaire : Alain Dambreville
1er secrétaire-adjoint : Isidore Laravine
2e secrétaire-adjoint : Jean Fabrice Robert
3e secrétaire-adjoint : Guibert Boulanger
4e secrétaire adjoint : Henri Thomy Atanari
Ordonnateurs suppléants
Isidore Laravine et Henri Thomy Atanari
Délégué suppléant à l’APCA
Sylvestre Lamoly
Membres associés
Joël Refus, Marcel Bolon, Fabrice Métro, Alix Marde, Fred Naze, Jocelyn Lagarrigue, Gilbert Bafinal, Jean Félix Payet
En remportant les élections à la Chambre d’Agriculture, la CGPER a confirmé qu’elle était bien le syndicat le plus représentatif du monde agricole. Le ton avait été donné, il y a tout juste un an, lors des élections aux commissions mixtes d’usines où la Confédération des Générale des Planteurs et Eleveurs de la Réunion avait conservé haut la main les cinq présidences des différents bassins canniers de l’île, après être ressorti largement majoritaire dans le collège des petits planteurs mais aussi dans celui des plus gros producteurs. Cela avait déjà été le cas lors du scrutin aux tribunaux paritaires des baux ruraux, en 2002, où la CGPER avait gagné 12 sièges sur 16, remettant les choses en place après « l’accident survenu en 2001, où la Confédération – bien que majoritaire dans le monde agricole – avait dû céder de manière contestable la présidence à l’alliance FDSEA-CDJA-UFA-CFDT.
Aux élections à la Chambre d’Agriculture, le syndicat est ressorti, là encore, largement vainqueur avec 72,76% des voix et 19 sièges sur 21 dans le principal collège, celui des chefs d’exploitation. Avec 2 sièges supplémentaires dans les collèges des retraités, 2 également dans celui du collège syndical, 2 autres dans celui des propriétaires et 2 dans le collège Crédit Agricole, la CGPER récolte une majorité confortable pour siéger à la tête de l’institution consulaire ; La FDSEA-JA devant se contenter de 2 sièges.
« C’est un juste retour des choses », estime son leader charismatique, Jean-Yves Minatchy. « Cette victoire d’équipe récompense le travail réalisé sur le terrain depuis plusieurs années, dans toutes les filières agricoles ». Les planteurs et éleveurs de la Réunion ont ainsi reconnu le travail effectué par la CGPER lors de la réforme de l’OCM Sucre et la réforme de la PAC où les intérêts de la profession avaient été préservés. Le préfet a, pour sa part, souligné que « ces élections 2007 se sont déroulées dans le calme, le sérieux et la régularité ; ce qui honore l’agriculture de la Réunion ».
Réactions
Joël Refus (éleveur à la Rivière Saint-Louis) : « Il y avait un mécontentement général. Les agriculteurs se sont mobilisés pour changer le système en place. C’est donc un vote sanction car nous n’avons pas été satisfaits de l’ancien président. Jean-Yves Minatchy est, en revanche, un homme de terrain, proche des agriculteurs et nous avons toute confiance en lui ».
Alfred Naze (agriculteur à Sainte-Marie) : “Ce succès aux élections récompense le travail de terrain qu’a effectué la CGPER. Jean-Yves Minatchy s’est toujours engagé pour défendre les agriculteurs ».
Philippe Damour (agriculteur à Sainte Marie) : « Jean-Yves Minatchy est un homme de terrain. Il est présent à chaque fois que nous avons des soucis et sait défendre les petites et moyennes exploitations qui connaissent des problèmes de trésorerie et doivent continuer à exister malgré des faibles revenus ».
Les résultats du scrutin
Collège des chefs d’exploitation
Inscrits : 9 724 ; Votants : 6 570 ; Participation : 67,56%
CGPER : 72,76% (50,86% en 2001) - 19 sièges ;
Elus : Jean-Yves Minatchy, Jean-Benard Gonthier, Sylvestre Lamoly, Jacky Michel Morel, Jean Julius Métanire, Isidore Laravine, Jean Marc Lépinay, Fabrice Expédit Robert, Guibert Boulanger, Jean Claude Soubou, Jean Bernard Maratchia, Henri Tomy Atanari, Eric Hoareau, Jean Patrice Pounoussamy, Gilbert Hoareau, Jean Pierre Caly-Simbou, Jean Patrice Rodot, Jean Lucet Houpiaparnin, Philippe Georget Leste.
FDSEA-JA : 22,83% (49,28% en 2001) - 2 sièges
Elus : Guy Derand et Virginie K’Bidi-Hoarau
Coordination Rurale : 2,58% - 0 siège
Liste Le sourire de demain : 1,83% - 0 siège
Collège propriétaires et usufruitiers :
CGPER : 33 voix (66%) - 2 sièges
Elus : Auvergne Payet et Antonin Sinacouty
FDSEA/JA : 17 voix (34%) – 0 siège
Collège organisations syndicales :
CGPER : 58 voix (55,77%) - 2 sièges
Elus : Marie Annie Maratchia et Notaise Bénilde Orange
FDSEA/JA : 46 voix (44,23%) – 0 siège
Collège anciens exploitants :
CGPER : 3 135 voix (78,73%) - 2 sièges
Elus : Emile Oscar Lagarrigue et Paul Richemont Mulot
FDSEA/JA : 745 voix (18,71%) – 0 siège
Liste Le sourire de demain : 102 voix (2,56%) – 0 siège
Collège salariés de la production agricole :
CGTR : 193 voix (49,49%) - 3 sièges
Elus : Gilbert Imize, Robert Maximin Maraaly ; Expédit, Jean Marc Expédit Techer
CFDT : 139 voix (35,64%) - 1 siège
Elu : Jacky Techer
CFTC : 58 voix (14,87%) – 0 siège
Collège salariés des groupements professionnels :
CGTR : 151 voix (32,61%) - 1 siège
Elue : Marie Andrée Brigitte Malet
CFDT : 230 voix (49,68%) - 3 sièges
Elus : Serges Fontaine, Charles Emile Bigot, Didier Damour
CGC : 82 voix (17,71%) – 0 siège
Collège des coopératives :
1 siège FDCUMA
Elu : René Claude Barret
4 sièges SICA-FRCA
Elus : Mylène René Claude Arhel-Techer, Philippe Dalleau, Rito Lilian Ferrère, Alain Dambreville
Collège Crédit Agricole :
CGPER : 17 voix (62,96%) - 2 sièges
Elus : Philippe Ghislain Gonthier et Jean Pascal Orange
FDSEA/JA : 10 voix (37,04%) – 0 siège
Collège Mutualité Agricole :
2 sièges – Elus : Bertil André Arginthe et Arsène Hibon
Ô Label Rouge ! |
Ca y est, c’est gagné ! Depuis le début du mois de novembre, l’ananas Victoria de la Réunion est estampillé Label Rouge. Une reconnaissance nationale, dûment mentionnée au Journal officiel du 31 octobre, qui constitue une grande première pour un produit « made in Réunion ». C’est aussi le premier fruit à obtenir cette prestigieuse labellisation dans un département d’outre-mer. Cette reconnaissance de qualité, par le ministère de l’Agriculture et celui des Finances, arrive après deux ans de travail. C’est en 2004 que la cellule Mise en Marché et Qualité de la Chambre d’Agriculture a commencé à travailler sur le dossier, en étroite collaboration avec les producteurs du Syndicat Qualité Fruits de la Réunion et l’organisme certificateur OCTROI. Dans ce genre de dossier, les procédures sont longues. Les ingénieurs de la Chambre d’Agriculture ont, dans un premier temps, travaillé sur l’élaboration d’un cahier des charges. « Les producteurs ont activement participé à la définition de ce cahier des charges », explique Yannick Soupapoullé, ingénieur Qualité à la Chambre. « Tout est pris en compte, depuis le champ et les méthodes de culture, jusque dans l’assiette, en fonction de critères bien précis sur le goût, le parfum, le taux de sucre… ». Une fois le cahier des charges établi, le dossier a été envoyé à Paris pour être examiné par la Commission nationale label et certification. Cette commission a désigné un expert. « Dès lors, il y a eu un échange permanent avec cet expert pour finaliser le dossier et travailler notamment sur certains points de détail exigés par l’Administration centrale », indique Robert Boita, le directeur d’OCTROI.
La Direction générale de l’alimentation, de la consommation et de la répression des fraudes a également exercé un contrôle rigoureux avant de transmettre son rapport au ministère de l’Agriculture et au ministère de l’Economie et des Finances. « Ce dossier a nécessité de longues démarches. Mais, aujourd’hui, le travail des techniciens de la Chambre, des producteurs et de l’organisme certificateur local OCTROI est récompensé », se félicite Guy Derand, le président de la Chambre d’Agriculture. « Pour mener à bien ce dossier, il a fallu, dans un premier temps, initier une synergie entre tous les opérateurs. A cet effet, nous avons créé le comité de pilotage export, puis regroupé les producteurs intéressés par la démarche au sein du syndicat Qualité Fruits de la Réunion. Notre savoir-faire est aujourd’hui reconnu au niveau national et c’est une belle victoire pour le secteur de l’exportation des fruits tropicaux ». Les producteurs-exportateurs, membres du syndicat Qualité Fruits de la Réunion, peuvent désormais envoyer leurs ananas estampillés de la petite étiquette Label Rouge. « Ce label est un précieux gage de qualité », souligne Guy Derand. « Il est connu par plus de 85% des consommateurs qui savent qu’en achetant un produit Label Rouge, ils ont l’assurance de la qualité et de la traçabilité ». C’est un atout commercial supplémentaire pour ce produit phare de l’exportation réunionnaise. Le Victoria de la Réunion ne pourra plus être confondu avec ses cousins d’Afrique du Sud et d’autres pays producteurs, sur les étals des magasins de France et d’Europe. « Cette reconnaissance va certainement ouvrir de nouvelles portes vers l’export. Elle constitue également un plus pour booster les ventes sur le marché local et les grandes et moyennes surfaces de distribution devraient être très intéressées par ce type de produit », estime Guy Derand.
Le letchi après l’ananas |
Voilà donc un deuxième produit « pays » officiellement labellisé, récompensant ainsi les efforts de toute une filière pour atteindre l’excellence de la production agricole. Ce signe de qualité va permettre aux producteurs, qui respectent le cahier des charges, de valoriser les letchis de la Réunion sur tous les marchés européens par le signe de qualité réservé aux produits hauts de gamme, à savoir le prestigieux Label Rouge. C’est la récompense d’un travail de plusieurs années fourni par les producteurs regroupés au sein du syndicat Qualité Fruits Réunion, depuis 2002. Epaulés par la Chambre d’Agriculture, ils se sont résolument engagés dans la démarche d’agrément pour obtenir la certification. Le cahier des charges qui, aujourd’hui, s’applique à tous les producteurs qui souhaitent « sortir » du letchi Label Rouge a fait l’objet de plusieurs examens et allers-retours entre la Réunion et Paris, avant sa validation définitive. Des chercheurs du Cirad ont été nommés comme experts et ont étudié ce cahier des charges, demandant souvent des compléments d’enquête. Il y a eu une consultation publique pendant deux mois, à partir du 27 août 2005. Il a fallu aussi mettre en place un plan de contrôle défini entre les producteurs du Syndicat Qualité Fruits Réunion et l’organisme certificateur local OCTROI. Le tout a finalement subi un ultime examen du ministère de l’Agriculture. Au final, il aura fallu un peu plus de 18 mois avant que ne paraisse au Journal officiel du 5 décembre dernier l’arrêté de certification, signé par trois ministères (agriculture, industrie, économie et finances). Un délai finalement assez court comparé au dossier de l’ananas Victoria qui a nécessité un peu plus de deux ans. Pour Dominique Gigan, producteur à Saint-Benoît et président du Syndicat Qualité Fruits Réunion, l’attribution du Label Rouge est une belle reconnaisse du savoir-faire des producteurs locaux : « Nous allons pouvoir démarquer nos letchis, jusqu’alors noyés dans la masse sur le marché métropolitain, des autres pays producteurs ». Les consommateurs seront gagnants puisqu’ils auront la garantie que le letchis réunionnais Label Rouge est frais (moins de 8 jours entre la récolte et la mise sur le marché), calibré (au moins 3 centimètres) et qu’il est bien à maturité. De belles perspectives s’ouvrent ainsi au letchi « pays » qui va pouvoir se lancer à l’assaut de nouveaux marchés à l’export !
Hervé Cailleaux.
Depuis 1966 |
La certification Label Rouge a été créée en 1966. Cette marque collective prestigieuse constitue un gage de qualité reconnu internationalement qui débouche sur « une augmentation systématique des ventes auprès des consommateurs », ont constaté les spécialistes. Parmi les produits certifiés Label Rouge, on peut relever l’ail rose de Lautrec, les betteraves rouges Terr’Loire Prestige, le haricot tarbais, les mirabelles de Lorraine, la pomme de terre Belle de Fontenay, la pomme de terre pompadour, les prunes Reine-Claude, le porc de Franche-Comté, la viande de bœuf Gascon, les saucisses fraîches de porc du Limousin, le jambon de Bayonne, la crème fraîche fluide d’Alsace, le Brie au lait thermisé, et bien d’autres encore… auxquels s’ajoute donc l’ananas Victoria de la Réunion.
Comment les reconnaître ? |
L’étiquetage d’un produit avec label comporte trois éléments essentiels (logo, plage informative et mentions valorisantes) et constitue pour les producteurs le moyen privilégié d’informer le consommateur. Aussi, le logo revêt-il une grande importance pour le consommateur. Sa présence sur l’étiquetage atteste que le produit est de qualité supérieure et que cette qualité est directement perceptible par le consommateur. Les mentions valorisantes protégées que sont la plage informative et surtout le logo permettent aux consommateurs de s’assurer de l’authenticité et de la véracité des produits.
Une démarche collective certifiée |
Le Label Rouge est obligatoirement une démarche de filière associant les partenaires de la chaîne alimentaire : producteurs, transformateurs et fournisseurs, mais aussi, parfois, distributeurs et consommateurs. Le caractère collectif de la démarche confère une forte originalité et crédibilité au Label Rouge et aussi une parfaite traçabilité.
Un suivi rigoureux dans la durée |
L’homologation Label Rouge n’est jamais définitive. Elle peut toujours être remise en cause. De plus, toute modification du cahier des charges doit faire l’objet d’une vérification par la Commission nationale.
La qualité gustative |
La vocation d’un produit Label Rouge est de répondre aux attentes de plaisir des consommateurs, grâce à des produits au goût et aux saveurs de qualité supérieure, qui se distinguent des produits courants. Pour cela, tous les produits Label Rouge sont soumis à des tests de dégustation et à des analyses sensorielles, et leurs modes de production sont liés à cette exigence de goût.
La Chambre d’Agriculture l’a dit. |
La Chambre d’Agriculture l’a dit. La Chambre d’Agriculture l’a fait ! L’abolition du colonat est devenu une réalité. Les derniers colons vont pouvoir changer de statut et enfin tirer profit de leur travail. C’est un immense progrès social !
Sur les 7 000 agriculteurs réunionnais, 700 exercent encore leur métier sous le régime du colonat partiaire. Un statut hérité de l’esclavage et de l’engagisme, dont l’abolition était devenue une action prioritaire de la Chambre d’Agriculture.
Pour Guy Derand, le président de l’Institution verte, il s’agissait de « mettre fin à un système archaïque et contre productif ».
En 2004, dès l’annonce de la préparation de la future loi de modernisation de l’agriculture, avec un volet spécialement consacré à l’outre-mer annoncé par le ministre de l’agriculture de l’époque, la Chambre d’Agriculture a vu l’opportunité de faire aboutir cette revendication.
« Mais la partie n’était pas gagnée d’avance », reconnaît Guy Derand. « Nous avons rencontré de nombreuses réticences. Dans un premier temps, le ministère de l’Agriculture a cru qu’en supprimant le colonat dans les départements d’outre-mer, on supprimerait automatiquement le métayage en métropole. Or, les dispositifs relèvent de législations différentes. Il apparaissait également que le colonat était encore très répandu aux Antilles et l’on pouvait redouter le lobbying des propriétaires ».
Mais la force de persuasion des dirigeants de la Chambre d’Agriculture, qui ont rallié à la cause les parlementaires locaux, a porté ses fruits.
Les visites récentes sur l’île de différents ministres ont été autant d’occasions de « marteler » la nécessité de supprimer le colonat.
« Mais les choses se sont réellement décantées, au dernier moment. C’est lors d’un entretien que nous avons eu - au mois d’octobre - au ministère de l’Agriculture et au cours duquel nous accompagnait la sénatrice Anne Marie Payet, que le gouvernement a pris la mesure de l’enjeu ».
Guy Derand tient d’ailleurs à saluer l’action d’Anne Marie Payet. « C’est la seule qui a été à nos côtés depuis le début du dossier ». Certains députés réunionnais n’ont marqué un véritable intérêt à notre action que lorsqu’ils ont vu qu’il y avait un bon coup médiatico-politique à retirer de ce dossier. « Mais peu importe », estime le président de la Chambre. « Ce qui nous intéresse, c’est le résultat ! ».
L’abolition du colonat sera donc effective avec la promulgation de la loi de modernisation de l’agriculture, dès le début de l’année 2006. Dès à présent, la Chambre d’Agriculture va expliquer aux colons de la Réunion les modalités de changement de leur statut.
Hervé Cailleaux.
Colonat et métayage |
Le colon travaille une terre qu’il loue non pas en versant un loyer, comme le fait le métayer, mais en donnant un quart de sa récolte au propriétaire des terres, tout en assurant – dans les faits – 100% des charges. Autrement dit, plus il travaille, plus le volume qu’il doit céder est important.
« D’autre part, celui qui loue une terre en fermage a le droit de prendre toutes les décisions qu’il souhaite (récolte, labours…) sur son exploitation. Les colons ne peuvent au contraire prendre aucune décision de leur propre chef. Ils sont obligés de faire appel à leur propriétaire qui est décideur sans, dans bien des cas, être agriculteur », souligne Renaud Bonin, chargé des affaires juridiques à la Chambre d’Agriculture. « Ce dispositif permettait, avec la fin de l’engagisme, de conserver une main d’œuvre corvéable et mobilisable à la demande, donc moins coûteuse que des salariés ».
Selon une étude de la Chambre d’Agriculture, les 700 colons réunionnais – ils étaient 3 751 en 1989 – travaillent essentiellement sur des champs de cannes, dans le Sud et l’Est de l’île, sur de très petites surfaces (inférieures à 3 ha). Ils tirent individuellement de leur labeur une recette annuelle misérable d’environ 5 200 euros, soit 430 euros par mois, l’équivalent d’un RMI. En étant fermiers, leurs revenus vont augmenter de façon substantielle.
Ce qui va se passer maintenant… |
A compter du 1er janvier 2006, aucun contrat de colonat ne pourra plus être signé. La location de terrain agricole se fera uniquement sous les dispositions du statut du fermage.
Cependant, les contrats en cours – c’est-à-dire signé avant le 1er janvier 2006 – continuerons jusqu’à leur renouvellement ; échéance à laquelle ils seront automatiquement convertis en bail à ferme.
Dès lors, les nouvelles dispositions de la loi de modernisation agricole vont permettre au colon d’obtenir la conversion automatique en fermage lors du renouvellement du bail, d’avoir, de ce fait, pleine autorité sur la conduite de l’exploitation, de faire valoir son droit de préemption en cas de vente par le propriétaire.
Dès lors, en attendant la reconversion automatique en bail à ferme, à échéance de l’actuel contrat, les deux parties peuvent dès à présent se concerter pour fixer ensemble le montant du fermage en fonction de l’arrêté préfectoral en vigueur. Les conseillers juridiques de la Chambre d’Agriculture se tiennent à leur disposition pour les guider dans cette démarche.
En cas de non entente, le tribunal paritaire des baux ruraux pourra être saisi pour trancher.
L’ancien colon devenu fermier - donc chef d’exploitation - aura ainsi accès à l’ensemble des aides à l’agriculture. Il pourra gérer son exploitation comme bon lui semble, changer de culture et décider seul de la conduite de son exploitation.
La nouvelle loi élargit également le droit de préemption du colon qui devient prioritaire à l’achat dès que la parcelle qu’il exploite est mise en vente par le propriétaire.
Une vitrine pour séduire |
La Réunion n’a pas manqué son rendez-vous parisien et a profité de cette belle vitrine qu’est le Salon International de l’Agriculture pour promouvoir ses produits typiques et faire savoir son savoir-faire agricole et agroalimentaire.
Avec l’épidémie du chikungunya dans laquelle l’île est empêtré, fallait-il faire l’impasse sur le Salon International de l’Agriculture ? Pour le président de la Chambre d’Agriculture, pas question de baisser les bras : « Nous nous sommes effectivement posé la question s’il fallait ou non participer, cette année, au salon de l’agriculture. Mais le SIA est un rendez-vous incontournable pour montrer notre savoir-faire, notre agriculture moderne et active, pour promouvoir nos fruits et notre production agroalimentaire ».
Pour la 7e année consécutive, la Chambre d’Agriculture, avec ses partenaires de l’interconsulaire, la Chambre de Commerce et la Chambre de Métiers, ainsi que la FRCA et les industriels du sucre, a donc participé à cette belle vitrine du monde rural, sur une surface d’exposition de 209 m2.
Un espace, deux fois plus important que l’an dernier, sur lequel les visiteurs ont apprécié la richesse et la diversité des fruits exotiques de l’île, provenant d’exploitations de producteurs membres de coopératives, des produits transformés originaux et un art culinaire à travers le restaurant « le Vanilla ».
Les samoussas Taïlou, confectionnés à base de produits agricoles, le GIE Rhum, la coopérative de vanille sont des habitués, auxquels s’est ajouté la société Soleil Réunion, invitée pour la première fois au SIA. « C’est une opportunité d’ouverture et la possibilité de positionner nos produits traditionnels – achards, pâtes de piment, confitures – sur la métropole », estime Auguste Surveille, commercial de la société. « Nous insistons sur le fait que nous proposons des produits sains et innovants et qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir ».
La filière canne-sucre a également été à l’honneur, avec la présence du syndicat des fabricants de sucre et d’un technicien spécialisé de la Chambre d’Agriculture, et le concours de l’ODEADOM. « En tant qu’île à sucre, il est logique que la Réunion mette cette production en avant », souligne Guy Derand. « Nous avons un savoir-faire dans ce domaine. Il n’est jamais inutile de le rappeler ».
Temps fort de cette présence locale au SIA, la journée de la Réunion, organisée le 27 février, a été l’occasion d’affirmer la présence économique de l’île et les possibilités d’exportation des produits « made in Réunion », en présence de personnalités nationales et d’outre-mer.
Le Salon International de l’Agriculture est aussi une excellente vitrine touristique. « Avec 700 000 visiteurs, c’est l’une des plus grandes occasions de vendre l’île », souligne Guy Derand.
Dans le contexte particulier lié à l’épidémie du chikungunya, le Comité de Tourisme de la Réunion en a profité pour redorer la destination Réunion, mise à mal ces derniers temps. Pas question de dire ou de laisser dire n’importe quoi. « On tient un langage de vérité avec des messages savamment réfléchis », souligne Jocelyne Lauret, la présidente du CTR. « La Réunion n’a pas perdu ses atouts touristiques et l’on peut toujours y venir en prenant un minimum de précaution ».
Des propos rassurants, largement relayés par les représentants du réseau « Bienvenue à la Ferme » et des Gîtes de France, également présents à Paris, pour promouvoir leurs structures de tourisme en milieu rural.
La présence sur l’espace Réunion d’élèves du lycée Patu de Rosemont, en préparation du bac pro de commerce, a également contribué à vanter les atouts de l’île. Une expérience nouvelle et enrichissante pour ces souriantes étudiantes qui leur servira pour la suite de leurs études.
Cette année encore, la plate-forme interconsulaire, mise en place en octobre 2001 entre la Chambre d’Agriculture, la Chambre de Métiers et la Chambre de Commerce et d’Industrie, a permis une présence réunionnaise forte lors de ce SIA 2006, avec le précieux concours du Département. Le but de la démarche est de renforcer la promotion de l’économie réunionnaise lors de manifestations nationales ou internationales.
H.C.
L’utilisation massive d’insecticides chimiques... |
L’utilisation massive d’insecticides chimiques comme « arme » de destruction de l’aedes albopictus a provoqué, au delà des cas d’intoxication de personnes, la mort d’animaux insectivores, ainsi que d’abeilles, par milliers. La stratégie « de guerre » déployée a eu un impact sur l’écosystème et soulevé le tollé des apiculteurs, de la Chambre d’Agriculture, du syndicat des Jeunes Agriculteurs et autres organismes soucieux de notre environnement.
Le chikungunya est connu depuis les années 50, notamment en Afrique australe. Malgré cela, la propagation, à la Réunion, de cette maladie émergente a surpris la population et les hautes sphères décisionnaires. La gestion de la crise du chikungunya a pâti des atermoiements des autorités sanitaires de l’île et autres, de nos gouvernants et pas seulement au niveau du gouvernement. La prise de conscience tardive de la menace réelle, les tâtonnements et hésitations coupables dans la lutte contre le moustique ravageur, la stratégie employée, la cacophonie ambiante ont amplifié les dommages collatéraux et pas seulement sur les êtres humains.
Face à l’absence de remède et de vaccin, les autorités de santé publique ont cherché à s’attaquer au vecteur de la maladie : l’aedes albopictus. Deux insecticides - le Fénitrothion et le Téméphos - ont été utilisés pour éliminer le moustique et ses larves.
Mais l’utilisation à grande échelle et sans les précautions nécessaires d’insecticides chimiques a causé des dégâts sur la flore et la faune de l’île. Des oiseaux, des caméléons et autres insectivores ont été décimés par le flux de produits toxiques déversé sur l’île… Et les abeilles, mortes par centaine au pied des ruches…
Malgré cette évidence, un expert en entomologie dépêché sur l’île persiste à minimiser la catastrophe. Pour lui, « c’est un mal nécessaire » (cf Le Quotidien du 8 février 2006). Mais détruire la faune et la flore locale est-ce une preuve d’efficacité ? Où sont passés les beaux discours sur le développement durable ? L’urgence de la crise sanitaire méritait-elle de sacrifier l’écosystème ?
Heureusement, d’autres voix se font entendre au dessus des discours « langue de bois » de représentants officiels. Dès qu’il a appris la dangerosité des produits utilisés, le maire de Saint-Paul a décidé d’interrompre la démoustication sur son territoire communal en attendant une solution meilleure, comprenant bien que « le remède jusqu’alors utilisé était pire que le mal ». Sage décision suivie par le Département. L’autorité préfectorale a, elle aussi, fini par revoir – timidement - sa copie tandis que la mairie du Port utilisait déjà un bio-pesticide, depuis longtemps.
Les Jeunes Agriculteurs dénoncent |
Mais ce retour à un peu plus de précaution n’a-t-il pas été trop tardif pour éviter une catastrophe écologique ? Le syndicat des Jeunes Agriculteurs avait pourtant tiré très tôt la sonnette d’alarme auprès de la population et les pouvoirs publics. Son président, Nicolas Alaguirissamy a vivement dénoncé « la toxicité des produits utilisés » et demandé « l’arrêt immédiat de ces produits nuisibles pour l’homme, la flore et la faune et leur remplacement par l’insecticide biologique Vectobac ». La formule du Vectobac sous forme de granulés est un traitement de sol qui s’attaque uniquement à la source du mal – les larves- sans dommages pour l’environnement et les milieux vivants.
Devant l’ampleur des dégâts, le syndicat des Jeunes Agriculteurs estimait, début février, « urgent de déclarer la Réunion en zone sinistrée au titre des catastrophes naturelles ».
L’inquiétude a également gagné les apiculteurs. « Au début de l’opération de démoustication, les ruches ont été relativement préservées car elles étaient pour beaucoup d’entre elles installées dans les Hauts. Mais fin février – début mars, c’est une période clé pour la production de miel avec la transhumance », indique Benoît Giraudet, le technicien apicole de la Chambre d’Agriculture. Les ruches quittent les Hauts pour être placées au plus près des fleurs des faux poivriers (baies roses), la miellée la plus importante pour les apiculteurs de l’île.
« On a affaire à un problème de santé publique majeur », reconnaît Benoît Giraudet. « Nous ne souhaitons pas l’arrêt de la démoustication mais il est nécessaire de réfléchir aux méthodes et aux produits utilisés. Tuer des moustiques, c’est bien, mais bombarder comme on le fait dans certains cas et détruire tout autour, cela a forcément de graves conséquences ».
L’enjeu écologique et économique est de taille.
« Si ces traitements, parfois à outrance, continuent au moment de la transhumance, on se demande ce qui va advenir », s’interroge Camille Perrault, le président de la Coopémiel. La production de miel risque de subir un sérieux coup d’arrêt.
Mais pas seulement… L’abeille est un insecte pollinisateur. Il ne faut pas l’oublier. Sans ce précieux auxiliaire, les arbres fruitiers et les vergers de l’île n’auraient pas les rendements qu’ils ont et donneraient bien peu de fruits. Dans le domaine des fruits et autres melons, citrouilles, pastèques… la production agricole dépend de la pollinisation naturelle exercée par les abeilles. Selon les calculs établis, lorsque une abeille produit un euro de miel, elle génère dans le même temps un gain pour la production agricole de 30 à 40 euros par son action de pollinisation sur les arbres fruitiers et les fleurs. « S’il n’y a plus d’abeilles, il n’y a plus de pollinisation. Donc moins de fruits et des prix qui s’envolent… », rappelle Nicolas Alaguirissamy.
Manque de réflexion |
Guy Derand stigmatise ainsi le manque de réflexion concernant les conséquences écologiques des centaines de tonnes de produits chimiques déversés sur la Réunion.
« Les traitements de choc devaient être cantonnés aux zones urbaines. Ils ont malheureusement été étendus aux régions périurbaines et rurales, portant ainsi préjudice aux activités agricoles », déplore le président de la Chambre d’Agriculture.
Pour les membres du syndicat des apiculteurs, « le choix dans les moyens de lutte correspondent à ce que l’Office Mondial de la Santé appelle le contrôle du dernier recours. Or le choix le plus efficace et le plus économique aurait été de contrôler les foyers larvaires. Les traitements utilisés semblent plus répondre à la volonté de rassurer la population qu’à une véritable démarche scientifique de lutte efficace » … Avec les complications et les dégâts collatéraux que cela a entraîné sur les personnes, sur les animaux et sur l’activité économique et agricole de l’île.
Hervé Cailleaux
Les planteurs réunionnais peuvent travailler l’esprit tranquille. |
Les planteurs réunionnais peuvent travailler l’esprit tranquille. Leur niveau de revenu est préservé avec des compensations qui viendront pallier la baisse du prix du sucre. L’horizon est dégagé pour les neuf prochaines campagnes sucrières.
Après de longs mois de négociations, les 25 ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont accordés, fin novembre, sur la teneur de la réforme de l’OCM Sucre.
Cette réforme jugée « radicale » a été arrêtée après des « négociations difficiles » selon les observateurs, du fait du contexte de la mondialisation et de la libéralisation des marchés.
Rappelons que l’Union européenne a été condamnée, récemment, par l’Organisation mondiale du commerce pour dumping à l’exportation de sucre.
Les objectifs poursuivis à travers cette réforme sont de diminuer la production européenne de sucre, excédentaire, de baisser le prix du sucre – actuellement trois fois supérieur aux cours mondiaux - dans l’Union européenne et de supprimer à terme les subventions aux exportations.
Principale mesure de la réforme et principal enjeu des négociations, le prix du sucre va baisser de 36% ; baisse étalée sur une période de 4 ans, et progressive ; à savoir – 5% les deux premières années pour s’accentuer véritablement en 2008-2009 avec – 17%… et atteindre les – 36% la quatrième année.
Par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne qui prévoyait - 39%, la baisse du prix garanti est donc un peu inférieure.
Avec cette nouvelle donne, des pays producteurs européens – les moins compétitifs - vont stopper volontairement leur production de sucre contre un gros chèque de compensation, prévu par le fonds de restructuration.
La France, en revanche, devrait bénéficier de la réforme en raison de sa meilleure compétitivité.
90 millions pour les DOM.
Pour ce qui concerne plus particulièrement la Réunion, la Commission européenne a autorisé le gouvernement français à accorder une aide annuelle de 90 millions aux producteurs des départements d’outre-mer, au lieu de 60 millions actuellement, en plus de l’aide communautaire (44 millions d’euros) et le maintien de l’aide à l’écoulement pour les producteurs (15 millions d’euros).
« Cet accord respecte les objectifs que la France s’étaient fixés », estime le ministre français de l’Agriculture, Dominique Bussereau. L’Etat français a effectivement obtenu, lors des ultimes négociations, le feu vert pour les 30 000 euros qui manquaient pour assurer une compensation intégrale de la baisse du prix du sucre.
Au final, on baisse moins et on compense un peu plus. De quoi éclaircir l’horizon des acteurs de la filière canne jusqu’en 2014-2015, échéance de ce nouveau règlement sucrier.
Reste à définir la répartition de cette enveloppe de 90 millions d’abord entre les différents DOM puis localement, sachant que les crédits devraient transiter par le Poséidom. Dans le même temps, les discussions sur la prochaine convention canne vont s’engager pour fixer la future structure du prix de la canne. « Compte tenu du nouveau règlement sucrier qui va courir jusqu’en 2014-2015, la nouvelle convention canne ne devrait pas être quinquennale comme les précédentes mais, en principe, fixer les règles pour les neuf prochaines saisons », estime Xavier Thiéblin, le PDG du Groupe Quartier Français.
La filière a neuf campagnes pour préparer une stratégie à moyen et long terme et faire que la canne à sucre reste pour longtemps encore le pivot de notre agriculture et de notre économie. Dès à présent, il s’agit de préserver le foncier agricole, réactiver les replantations, développer l’irrigation et la mécanisation, et d’aider les planteurs à réduire leurs coûts de production.
H. Cailleaux.
Ce qu’ils en pensent… |
Guy Derand (président de la Chambre d’Agriculture) : « La baisse européenne du prix du sucre est plus faible que prévue initialement et les compensations seront plus importantes.
L’Etat français est effectivement autorisé à verser des aides permettant de compenser intégralement le prix de la canne jusqu’en 2014. Il faut saluer la mobilisation des principaux acteurs de la filière et de parlementaires qui a permis au ministre de l’Agriculture de défendre au mieux les intérêts des DOM. Si Bruxelles n’avait écouté que les discours misérabilistes de certains, on n’aurait sûrement pas obtenu ces décisions qui rassurent aujourd’hui la profession. Maintenant, les planteurs, qui étaient dans l’expectative depuis deux ans, vont pouvoir relancer leur activité et augmenter leur volume de production. Dès à présent, nous devons penser à l’après 2014, à travers un plan de relance globale de la filière. Et je demande, à nouveau, aux pouvoirs publics de veiller à ce que la stabilité des surfaces agricoles garantisse et accompagne le développement économique de la filière canne-sucre ».
Jean-Bernard Hoarau (président de la FDSEA) : « C’est mieux que ce qui avait été annoncé et l’on peut parler de confiance retrouvée, mais il faut rester prudent tant que toutes ces mesures n’auront pas été déclinées officiellement. J’en appelle également à la constitution d’une véritable interprofession dans la filière dans laquelle seraient réunis les planteurs, les usiniers ainsi que les transporteurs, les chercheurs, les importateurs de produits phytosanitaires ».
Nicolas Alaguirissamy (Jeunes Agriculteurs) : « Nous avions des raisons d’espérer, aujourd’hui nous avons des raisons d’y croire ! La possibilité d’une compensation intégrale pour nos planteurs est une véritable victoire syndicale. Elle est l’aboutissement d’une très forte mobilisation de notre réseau et de tous les acteurs de la filière et des élus.
Le lobbying mené à Bruxelles, le consensus de la filière locale, la visite de la commission agricole européenne en mai, et les différentes interpellations de ministres (Gaymard, Girardin, Baroin, Sarkozy, Bussereau) et de nos députés européens ont été des facteurs déterminants de la réussite de notre objectif de pérennité de la filière canne.
Fort de ce succès, et du soutien général de tous les décideurs de l’île, il nous reste maintenant à concrétiser l’avenir de la filière. Le maintien d’un niveau de prix par les compensations est une bonne chose, mais l’avenir de la filière se jouera aussi sur le terrain par un engagement politique majeur des collectivités locales et territoriales sur le foncier. Toutes les compensations du monde n’empêcheront jamais la disparition du foncier agricole sans une volonté politique de protection de la sole cannière. Saurons-nous être tous aussi soudés pour s’engager dans ce prochain combat ? ».